L’amour sauvera le monde
On dit que l’amour
peut sauver le monde, que tous les hommes sont frères…
Et toutes ces convictions sont bien ancrées en
nous par instinct naturel ou par phénomène d’entrainement social, mais chaque
jour nos agissements démontrent le « creux » de nos slogans…
L’amour est
un sentiment complexe qui se prête à bien de situations. S’il est vrai que
l’amour peut sauver le monde, il s’agit d’identifier l’élément de ce sentiment
qui serait adéquat pour cette grande entreprise, et pour ce faire il faut
retourner dans l’enfance, là où tout commence, le moment où nous sommes plongés
dans le moule de l’amour…
Dans pas mal
de cultures et de civilisations l’amour s’exprime presque toujours de la même
façon. En fait, tout vient de l’homme primitif. Pour prouver son amour à ses
enfants ou à sa conjointe, il devait prendre soin d’eux ; aller à une chasse
dangereuse, rapporter du gibier au risque de sa vie pour subvenir aux besoins
de ses ouailles, ou prendre les dispositions nécessaires afin de les protéger
contre les dangers de la nature. C’est avec le mérite qu’il s’est arrogé en
prenant ses responsabilités, qu’est né le lien entre l’amour et l’acte
matériel : Je vous aime, alors je risque ma vie pour vous… Parfois, avec
la rareté du gibier, des hommes s’affrontaient afin de conserver pour leur
unique famille la seule bête qu’on pouvait trouver dans les parages, ce qui décuplait
encore aux yeux des siens ce mérite qu’ils s’arrogeaient.
Avec l’évolution (ne pas entendre évolution
darwinienne…) et le modernisme, les Hommes ont continué cette pratique
aliénante, certains en connaissance de cause, et d’autres sans même s’en rendre
compte. Ainsi, dès leur tendre jeunesse, on montre aux enfants que la preuve de
l’amour pour le prochain passe par l’acte matériel : offrandes ou
réceptions d’objets… un petit toutou parce que maman t’aime bien, un costume de
Spiderman parce que papa t’aime bien, et un gros chèque de papy et mamy comme
acompte à ton héritage pour que tu les aimes bien.
Derrière
l’amour qu’on donne ou qu’on reçoit, il y a la recherche du bien-être
suprême ; le bonheur. Parce que pour démontrer qu’on aime on a pris
coutume de donner, parce que pour savoir qu’on est aimé on a coutume de
recevoir, le bien-être suprême est désormais assimilé à la quantité de matériel
qu’on possède pour donner afin d’être aimé. C’est là où tout devient tragique,
car c’est le fait de donner qui induit la sensation d’être aimé. Mais puisque
l’acte de donner ne subsiste que l’instant de la fraction de seconde où on
s’exécute, on a l’impression de n’être aimé qu’une fraction de seconde ou du
moins pendant le temps que l’objet de notre offrande garde sa valeur aux yeux
de la personne aimée. Et comme tout ce qui est matériel flétrit et perd de la
valeur aussi rapidement qu’une action en bourse, voilà où peut naître la
recherche effrénée des biens matériels : faires des réserves d’objets pour
donner perpétuellement et conserver cette sensation d’être aimé, ce bonheur
artificiel, ceci au détriment des autres, un peu comme il se faisait au temps
des hommes primitifs...
C’est donc
ici que prétendre que les Hommes sont frères sonne faux… Pourtant ils le sont !
Que ce soit par la théorie créationniste où les Hommes sont issus du couple
Adam et Ève, ou bien par celle évolutionniste où les Hommes proviennent d’un
couple de singes, les mêmes tissus, les mêmes organes et les mêmes cellules les
constituent. C’est juste mieux de s’enfoncer profondément la tête dans le sable
pour ni voir ni entendre cette vérité, ainsi ne pas culpabiliser à vouloir tout
pour soi, être heureux seul, ou juste avec sa « famille » proche ;
car s’il est établi que les Hommes sont frères, alors tous ont droit au grand
héritage de la planète de façon équitable, tous ont le droit de regard sur la
façon d’exploiter et d’user des richesses du globe, il devient donc criminel de
garder tout pour soi, ou de spolier les ressources du sol pour ses seules fins
égoïstes.
L’amour peut
sauver le monde, mais il faut comprendre de quel type d’amour on parle ; il ne
s’agit pas de l’amour pour sa maison, son auto, son animal de compagnie ou de
tout autre « bien » que l’on possède, car cet amour là est un amour
égoïste qui loin de faire du bien même à nous, crée l’angoisse et la peur de
tout perdre un jour, engendrant le contrôle et l’insécurité constants. Il ne
s’agit pas non plus de la passion pour un loisir, à moins que ce loisir ne soit
d’aller tous les jours à l’école de l’amour véritable. Il ne s’agit pas enfin
de l’amour pour les arts, la littérature ou tout autre métier, à moins que
l’objet d’art qu’on façonne ne soit la société, le livre qu’on écrit ne soit les
milles et une façon d’aimer l’Homme, ou que le métier qu’on exerce ne soit la
philanthropie dans le sens pur du terme.
L’amour peut
sauver le monde, mais nous devons désapprendre à aimer comme l’éducation de nos
parents et celle de la société actuelle nous a appris à le faire. Nous devons
réinvestir notre système de valeur afin de le réorganiser de façon adéquate à
prioriser ce qui est vraiment important. Ce n’est qu’après qu’on peut s’élever
pour s’attaquer au véritable problème qui mine le monde. Ce problème a la forme
d’un iceberg d’un côté, et celle d’une pieuvre géante de l’autre côté ; il faut
de la clairvoyance pour voir au-delà de la pointe émergée de l’objet, il faut
du courage et de la méthode pour s’attaquer au cœur et non aux tentacules de la
bête.
La pauvreté
et la misère en Afrique et dans les pays du tiers monde ne sont que la pointe
de l’iceberg. La vraie pauvreté et la vraie misère sont ailleurs dans le cœur
des personnes qui souffrent énormément, parfois sans le savoir... Le mal qui
est perpétré en Afrique, dans les pays du tiers monde et partout où les Hommes
sont séquestrés pour les richesses de leur sous-sol, partout où les femmes et
les enfants sont abusés d’une façon ou d’une autre, partout où les personnes
« différentes » souffrent de leurs « différences » n’est
que le tentacule de la pieuvre géante. Le vrai mal est ailleurs, dans le cœur
des personnes qui souffrent énormément, parfois sans s’en rendre compte…
Une sagesse
africaine dit qu’un garde prisonnier est lui-même un prisonnier. Par manque d’amour
pour le prochain, la terre est devenue une gigantesque prison où tous les
humains sont prisonniers. Une gigantesque prison où ceux qui possèdent, abusent,
ségréguent usent tout leur temps à
développer des stratagèmes pour se défendre et se protéger. Une gigantesque
prison où ceux qui ne possèdent rien en plus d’être abusés haïssent ceux qui
possèdent, abusent et ségréguent ; mais on n’est pas meilleur lorsqu’on hait
ceux qui haïssent (parce que l’égoïsme et l’égocentrisme sont des formes de
haine). On ne fait qu’attiser le feu de la haine. Et c’est le mal qui en sort
vainqueur. Et dans ce système personne ne vit pleinement.
L’Homme n’a
de pouvoir que celui qu’on lui donne. Les choses n’ont de valeur que celle qu’on
leur octroie. Si à l’échelle des valeurs humaines il est intégré que ce qui est
au sommet de la pyramide c’est l’Homme, très vite on transformerait les armes
en socs de charrues. Et ceci passe par la sensibilisation des masses. Et ceci
passe par l’éducation des enfants. Il n’y a aucun mérite à donner à son
prochain, il n’y a aucune gloire à travailler pour aider les autres, il n’y a
aucune notoriété à accepter les gens comme ils sont ; c’est lorsqu’on s’arroge
un mérite pour les actes qu’on pose que l’amour du prochain est biaisé. Nul ne
choisit l’aspect avec lequel il vient au monde, nul n’arrive sur la terre avec
une quelconque richesse, on ne fait que transformer ce qu’on y trouve. Et même
si on ne transformait rien on vivrait quand même bien sur la planète ; c’est
avec des yeux d’Hommes pour qui tout a été simplifié que nous voyons que la vie
d’autrefois était pénible. Puis, n’est-ce pas que les grandes pestes et
désastres de l’histoire de l’humanité ne sont survenus que lorsque les hommes
ont commencé à tout transformer ?
L’amour peut
sauver le monde ; l’amour du prochain. Le Christ le dit mieux que quiconque ;
aime ton prochain comme toi-même… Personne ne se demande à lui-même d’être
reconnaissant pour le bien qu’il se fait, à moins de se dévaloriser à outrance,
alors demanderait-il à son prochain qu’il
aime comme lui-même de lui être reconnaissant pour le bien qu’il lui fait ?
Personne ne se croit supérieur à lui-même, malgré la grandeur qu’il pense
parfois avoir, alors se considérerait-il supérieur aux autres malgré cette grandeur s’il
les aime comme il s’aime ? Personne n’a besoin de se prouver qu’il s’aime, à
moins d’être vraiment dérangé dans sa tête. Essaierait-il donc de prouver à son
prochain – s’il l’aime comme lui-même – qu’il l’aime ? Et lorsqu’on n’essaie de rien prouver, qu’on
laisse juste l’autre ressentir l’amour qui émane de nous, n’est-ce pas que
notre sentiment devient plus sain ?
L’amour peut
sauver le monde – l’amour du prochain –, si chaque personne prend un instant de
son temps pour laisser ressentir leur amour à ceux qui aiment mal, ou ceux qui
orientent mal leur sentiment parce qu’ils n’ont rien compris à l’amour. Les
psychanalystes disent qu’à travers les âges les Hommes ont accumulés une
foultitude de blessures, et ce n’est que l’amour bienveillant pour ces
blessures qui engendrera la connaissance qui engendrera la compréhension qui
engendrera la tolérance qui engendrera la paix qui engendrera le bonheur de
vivre sur la terre.
L’amour peut
sauver le monde – l’amour du prochain –, si tous les Hommes réalisent qu’ils
sont frères… Alors l’Homme ne se verra plus juste comme le maillon d’une
chaine, il sera la chaine au complet : tout dans un et un dans tout.
Jésus-Christ ne le dit que trop bien…
Salut Wan.
RépondreSupprimerJ'aime cette analyse et si mon commentaire est si bref qu'il n'en est pas un c'est juste que je partage complètement ta vision.